Prendre de la hauteur : la Varappe

L'escalade est un sport centenaire qui n'a pas attendu les alpinistes pour que s'écrivent ses premières voies. Il faut remonter à la fin du siècle dernier pour en trouver les racines, que ce soit en bloc ou en falaise.


Un peu d'histoire

C'est à Fontainebleau, en 1887 que les premiers grimpeurs commence à s'intéresser aux rochers autrement que pour les peindre ou les tailler. C'est ce que l'on appellera plus tard le Bloc.

En ce qui concerne la pratique de la falaise, il faut aller chercher chez nos voisins anglais et allemands de l'Est pour trouver les premiers exploits verticaux toujours à la fin du XIX e siècle.

 

On retrouve : Fontainebleau  en France, le Lake District en Angleterre et Dresde en Allemagne de l'est qui sont les berceaux de l'escalade rocheuse.

 

Longtemps, l'escalade souffre de la popularité et de la médiatisation de l'alpinisme. L'alpinisme fait de ombre à l'escalade jusque dans les année 1970. Il y a, à ce moment davantage de gloire à se hisser sur les plus hauts sommets (alpins et himalayens) que sur une falaise ou un bloc. Les moqueries ne manquent d'ailleurs pas. Nombreux sont les alpinistes qui se croient à l'égal des dieux et prétendent les rejoindre sur les hauteurs inaccessibles.

 

Chez les anglais, les seuls assurages acceptés sont les nœuds de cordelettes coincés dans les fissures et une interdiction de reconnaître les itinéraires. Ces règles du jeu ont force de loi jusqu'à ce que les grimpeurs européens viennent porter la bonne parole et permettre de réduire un peu la rigueur des règles locales. Toutefois, aujourd'hui encore, les grès de la vallée de l'Elbe sont un des hauts lieux de l'escalade rocheuse justement parce que ces règles ont évité certains excès (taille de prise) que nous connaîtrons en Europe vers la fin du 20e siècle.

 

Chez nos voisins d'outre manche, un style va se développer : le style anglais, subtil mélange d'engagement et d'escalade dite «propre». Celle-ci respecte au mieux la configuration du rocher. Ainsi, les pitons et autres spits ne sont posés qu'avec parcimonie. En France l'escalade est la petite sœur de l'alpinisme, elle ne sert la plupart du temps qu'à se préparer pour aller en montagne. La réalité sportive et spirituelle de l'escalade rocheuse ne sera pressentie que par quelques grimpeurs hors normes et généralement considérés comme marginaux.


Quelques grands noms

L'allemand Hans Dulfer  qui démontre, dès 1913et  en solo, ses prodigieux talents et invente de multiples techniques d'escalade. Certaines portent aujourd'hui son nom.

 

L'italien Emilio Comici  qui dans les années 30 enrichit l'escalade d'une nouvelle dimension : l'esthétisme.

 

Le français Pierre Allain, sur les blocs de Bleau qui pose avant les années 40 quelques-unes des bases d'un jeu : le bloc, qui perdure encore aujourd'hui avec le succès que l'on sait. Il inventera les chaussons d'escalade.

 

L'américain John Gill  qui va pousser la pratique du bloc jusqu'à réaliser des passages d'une difficulté inouïe.

 

L'autrichien Hermann Buhl  vers 1950 brise un mythe : il réalise, en un temps record,une voie Cassin au Piz Badile en Italie.

 

Le belge Claudio Barbier dans les années soixante stupéfie tout le monde et réalise des enchaînements hors normes dans de grandes voies rocheuses mythiques des Dolomites


L'escalade libre

Aux États-Unis l'escalade libre de haut niveau se développe de manière exponentielle notamment en Californie où le Yosemite va devenir La Mecque de l'escalade « new wave ». Il faudra cependant attendre les années 80 pour voir ce phénomène se développer en France.

 

Il faut dire que les traditions en France consistent à utiliser pour grimper tous les moyens possibles : prises du rocher mais aussi points d'assurage. Le jeu du libre prôné par les puristes interdit alors l'utilisation de moyens artificiels pour l'escalade. Ce qui va déclencher une vive polémique entre ceux qui refusaient ce jeu et ceux qui le défendent becs et ongles. Parmi eux, Jean Claude Droyer monte en première ligne pendant une dizaine d'années (du début à la fin des années 70) avant que la communauté grimpante française n'accepte le concept de « libre ».

 

La médiatisation de Patrick Edlinger  marquera définitivement l'imaginaire collectif, l'escalade sportive est désormais installée